Ce dossier regroupe tous les spectacles publics et privés connus réunissant Maurice Ravel et Valentine de Saint-Point, poétesse, peintre, danseuse et chorégraphe, animatrice de salon, organisatrice de spectacles chorégraphiques. Parmi ces spectacles, trois sont des soirées privées dans le salon de Valentine de Saint-Point, 19, avenue de Tourville à Paris (7e), dont les deux fameuses « soirées apolloniennes » des 17 février 1912 et 11 juin 1912, un est un concert privé dans l’atelier du peintre Henri Siegler-Pascal, ami commun de Maurice Ravel et Valentine de Saint-Point, les deux autres sont les spectacles Métachorie/Danses idéistes conçus par Valentine de Saint-Point à Paris et New York respectivement les 20 décembre 1913 et 3 avril 1917 et qui mêlaient poésie, musique, chorégraphie, décors et éclairages.

Maurice Ravel qui aurait d’abord songé, selon Erik Satie, à orchestrer les trois Préludes du Fils des étoiles dès avril 1911, n’orchestra finalement que le 1er Prélude du Fils des étoiles (Wagnérie kaldéenne du Sar Peladan) d’Erik Satie pour servir de musique au poème Hymne au soleil de Valentine de Saint-Point, qui avait été déclamé par Filippo Tommaso Marinetti lors de la 1re « soirée apollonienne » du 17 février 1912 au cours de laquelle Maurice Ravel joua au piano quelques-unes de ses œuvres. Il convient de rappeler que Maurice Ravel avait joué la transcription pour piano du 1er Prélude du Fils des étoiles d’Erik Satie au 6e concert de la Société musicale indépendante le 16 janvier 1911. Pour le spectacle Métachorie, Roland-Manuel, élève de Maurice Ravel, qui avait visiblement prêté ou donné à son professeur un exemplaire de la partition des Préludes du Fils des étoiles de Satie (conservé au département de la musique de la BnF), orchestra les 2e et 3e Préludes sous les titres de deux poèmes de Valentine de Saint-Point, Amour et La Chevelure. Dans sa biographie de Maurice Ravel de 1938, rééditée à diverses reprises ensuite chez divers éditeurs, Roland-Manuel indiquait uniquement, de façon très vague, à propos de l’orchestration de Ravel dont il ne précisait pas le lien avec Valentine de Saint-Point : « Erik Satie : Prélude du Fils des Étoiles (orchestration), 1913 (inédit) » (Roland-ManuelÀ la gloire de… Ravel, Paris, Nouvelle Édition critique, 1938, p. 265). Le manque d’informations jusqu’ici sur cette œuvre explique même que certains spécialistes de Maurice Ravel aient douté de son audition en public : « douteuse exécution publique » (Marcel MarnatMaurice Ravel, Paris, Fayard, 1986, p. 757). Nous savons désormais qu’il y en eut deux auditions publiques organisées par Valentine de Saint-Point.

Quant aux relations entre Maurice Ravel et Valentine de Saint-Point, à défaut d’échanges de correspondances localisés entre eux qui auraient pu nous en apprendre plus sur les spectacles ici recensés et sur l’Hymne au soleil dont nous espérons que la partition et le matériel d’orchestre refassent surface, nous savons malgré tout que Maurice Ravel possédait quatre ouvrages de Valentine de Saint-Point dédicacés, toujours conservés dans sa bibliothèque littéraire au Belvédère de Montfort-l’Amaury (actuel Musée Maurice Ravel) : Une Mort, Paris, Figuière, 1911 (« À Maurice Ravel en toute sympathie ») ; L’Orbe pâle, Paris, Figuière, 1911 (« À Maurice Ravel en sympathie admirative ») ; La Guerre. Poème héroïque, Paris, Figuière, 1912 (« À Maurice Ravel en toute sympathie ») La Soif et les Mirages, Paris, Crès, 1912 (« À Maurice Ravel, en amitié »). Il possédait en outre la monographie de Jacques Reboul, Notes sur la morale d’une « annonciatrice », Valentine de Saint-Point, Paris, Figuière, 1912 (« À Maurice Ravel en particulier hommage »). Nos vifs remerciements à Mme Anne Fontaine-Million, attachée de conservation au Musée Maurice Ravel depuis juin 2023, pour ses précieux compléments d’informations sur la bibliothèque littéraire de Maurice Ravel.

Sources and protocol

Les sources utilisées pour l’élaboration du dossier sont variées :

  • Programmes de salle (un seul localisé) ;
  • Annonces dans la presse ;
  • Comptes rendus dans la presse ;
  • Correspondances privées ;
  • Lettres ouvertes ;
  • Références bibliographiques dont plusieurs articles de Valentine de Saint-Point.

Select bibliography

Daniel (Rudyard) Chennevière« Erik Satie and the Music of Irony », The Musical Quarterly, n° 5/4, octobre 1919, p. 469-478.

Marcel MarnatMaurice Ravel, Paris, Fayard, 1986, p. 757.

Roger Nichols, Ravel, New Haven-London, Yale University Press, p. 123, 393, 402.

Arbie OrensteinRavel. Man and Musician, New York-London, Columbia University Press, 1975, p. 243 ; New York, Dover Publications, 1991, p. 243.

Véronique Richard de la Fuente, Valentine de Saint Point. Une poétesse dans l’avant-garde futuriste et méditerranéiste, Céret, Des Albères, 2003.

Roland-ManuelÀ la gloire de… Ravel, Paris, Nouvelle Édition critique, 1938, p. 265.

Valentine de Saint-Point« Figaro-Théâtre. Tribune libre », Le Figaro, dimanche 14 décembre 1913, p. 41.

Valentine de Saint-Point« Çà et là. Échos. La recherche de la paternité », Revue musicale SI.M., 1er janvier 1914, p. 70-71.

Valentine de Saint-Point, « La métachorie », Montjoie !, n°1-2, janvier-février 1914, p. 5-7. (texte intégral de la conférence lue par un comédien lors du spectacle de la Métachorie. Danses idéistes du 20 décembre 1913)

Erik SatieCorrespondance presque complète, Ornella Volta (éd.), Paris, Fayard-IMEC, 2003 (2e éd. entièrement révisée), p. 150.

Leslie Satin, « Valentine de Saint-Point »Dance Research Journal, 22/1, Spring 1990, p. 1-12.

Adrien Sina (éd.), Feminine Future. Valentine de Saint-Point. Performance, danse, guerre, politique et érotisme, Dijon, Les Presses du Réel, 2011.

To cite this dossier

Manuel Cornejo, «Maurice Ravel et Valentine de Saint-Point (1912-1917)», Dezède [online]. dezede.org/dossiers/id/605/ (consult the Dec. 6, 2023).