Ce dossier regroupe de façon exhaustive un ensemble de trente-six concerts organisés par l’éditeur de musique Wilhelm Enoch (1840-1913), secondé par son gendre Gabriel Astruc (1864-1938), pour le compte des éditions musicales Enoch, au siège du quotidien Le Figaro, 26, rue Drouot à Paris (9e) du 23 avril 1897 au 27 janvier 1899, avec un seul Concert Enoch tenu exceptionnellement à l’ancienne Salle Pleyel le 6 avril 1898 en raison de l’indisponibilité provisoire du Salon du Figaro.

  1. 1ère saison 1896-1897 : 6 concerts du 23 avril au 4 juin 1897 ;
  2. 2e saison 1897-1898 : 25 concerts du 22 octobre 1897 au 6 mai 1898 ;
  3. 3e saison 1898-1899 : 5 concerts du 18 novembre 1898 au 27 janvier 1899.

Les programmes de ces séances font logiquement la part belle aux œuvres du catalogue des éditions Enoch. Parmi les compositeurs les plus programmés figurent Emmanuel Chabrier, Cécile Chaminade et César Franck. La programmation montre un réel éclectisme, s’intéressant tant aux compositeurs reconnus -Emmanuel Chabrier, Cécile Chaminade, César Franck, André Gedalge, Gabriel Pierné, Camille Saint-Saëns- voire populaires — comme Louis Ganne — qu’aux compositeurs de moindre notoriété — dont Léon Boëllmann, César Casella fils, Théophile Debucquoy, Ange Flégier, Isidore de Lara, Paul et Lucien Hillemacher, Louis Lacombe, Paul Lacome, René Lenormand, Gabriel Marie, Georges Marty, Henri Rabaud, Lucien Wurmser — et aux jeunes compositeurs — dont André Bloch, Georges Enesco, César Geloso, Deszö Lederer, Edmond Filippucci, Henri Letocart, Max d’Ollone, Édouard Trémisot.

Elle accorde une place non négligeable d’une part aux compositeurs étrangers, plusieurs publiés dans la Collection nouvelle de musique étrangère moderne — dont Julius Bechgaard, Leo Blech, Luigi Denza, Niels Gade, Evdard Grieg, Peter Heise, Johan Halvorsen, Peter Erasmus Lange-Müller, Richard Mandl, Moritz Moszkowski (beau-frère de Cécile Chaminade), Christian Sinding, Emil Sjögren, Johan Svendsen, Joseph White — et d’autre part aux compositrices — dont Agathe Backer Grøndahl, Cécile Chaminade, précitée, Hedwige Chrétien, Rose Depecker, Gabrielle Ferrari, Julia Sureau-Bellet.

Il y eut aussi neuf séances consacrées entièrement à un compositeur : un festival Emmanuel Chabrier le 6 avril 1898, trois festivals Cécile Chaminade les 22 octobre 1897, 28 janvier 1898 et 20 janvier 1899, un festival Edmond Filippucci le 5 novembre 1897, un festival César Franck le 26 novembre 1897, deux festivals Alexandre Georges — audition intégrale des Chansons de Miarka — les 14 mai 1897 et 4 février 1898, un festival André Messager le 25 mars 1898.

À seulement trois des trente-six concerts furent donnés des chœurs, deux fois sous la direction de Georges Marty les 21 mai 1897 et 6 avril 1898, une fois sous celle d’Albert Vernaelde le 16 décembre 1898.

Une autre originalité des Concerts Enoch était la place souvent faite, au sein de programmes de musique savante, aux chansonniers de Montmartre — surtout Paul Delmet et Georges Fragerolle ; deux séances leur furent même entièrement vouées les 19 novembre 1897 — avec des projections du Conservatoire de Montmartre — et le 27 avril 1898.

Plus rarement, le programme des concerts fut complété par de courtes pièces théâtrales avec musique de scène — dont La Cinquantaine de Georges Courteline avec musique de Paul Delmet le 18 novembre 1898 — et la déclamation de quelques poèmes.

Pour le concert du 28 janvier 1898, Ricardo Viñes affirme dans son journal qu’il aurait dû y jouer le Menuet antique de Maurice Ravel (tout juste publié aux éditions Enoch), mais, ce jour-là, le Concert Enoch fut entièrement consacré à Cécile Chaminade. Le Menuet antique fut bien créé par Ricardo Viñes, mais à une séance de la Société nationale de musique (SNM) le 18 avril 1898. On peut supposer que Maurice Ravel a assisté à quelques-uns des concerts de son éditeur Enoch, notamment ceux avec des œuvres de son professeur André Gedalge (11 février 1898 avec le concours notamment de Georges Enesco, 18 novembre 1898 avec le concours de Jane Bathori), d’Emmanuel Chabrier qu’il admirait particulièrement (3 décembre 1897, 17 décembre 18974 mars 1898, 18 mars 1898, Festival Emmanuel Chabrier du 6 avril 1898 à l’ancienne Salle Pleyel, 22 avril 189818 novembre 1898 avec le concours de Jane Bathori, 2 décembre 1898, 16 décembre 1898) ou avec le concours de pianistes de ses amis, tel que l’Apache Ricardo Viñes (4 mars 1898) ou son ancien professeur de piano et ami Santiago Riera (22 avril 1898).

Pour le 35e et avant-dernier concert du 20 janvier 1899, un Festival Cécile Chaminade, Richard Strauss se trouvait dans l’assistance.

Il convient de noter que les partitions de nombreuses pièces publiées aux éditions Enoch et programmées aux concerts donnés dans le Salon du Figaro ont paru aussi, au moins sous forme de fragments, dans Le Figaro, parfois avec un court article de présentation du compositeur et de la pièce.

Les raisons de l’arrêt des Concerts Enoch au siège du Figaro en milieu de saison 1898-1899 sont inconnues.

Sources and protocol

Annonces et comptes rendus de chaque concert dans le quotidien Le Figaro, sous la plume de Jules Huret (d’avril à décembre 1897) puis d’Abel Mercklein (de janvier 1898 à janvier 1899). Les annonces et comptes rendus des concerts sont tous intégralement transcrits dans Dezède.

Select bibliography

Myriam Chimènes, « "Figaro qua, Figaro là". Le Figaro et la musique autour de 1900 », in Le Figaro : histoire d’un journal, Claire Blandin (dir.), Paris, Nouveau monde éditions, 2010, p. 145-161.

To cite this dossier

Manuel Cornejo, «Concerts Enoch dans le Salon du Figaro (1897-1899)», Dezède [online]. dezede.org/dossiers/id/400/ (consult the Sept. 26, 2023).